Prévention des blessures associées à l'usage des aires et des appareils de jeu

Aire de jeu

Auteur :

David Fortier, Institut national de santé publique du Québec et Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie

Soutien à la rédaction :

Amélie Ferland-Dufresne

Mise à jour (décembre 2011) :

Guillaume Burigusa, Institut national de santé publique du Québec

Conçus pour favoriser le développement physique et social des enfants, les appareils de jeu présentent malheureusement des risques pour la santé. En effet, au Canada, on estime que plus de 28 500 blessures sont associées à ce type d’équipement, annuellement ce qui représente de 5 à 10 % de toutes les blessures observées chez les enfants âgés de 2 à 9 ans. Ces appareils sont également associés à un ou deux décès par année depuis 1982, dont la moitié par strangulation.

Les blessures liées à l’usage des appareils de jeu sont principalement imputables à des chutes. Les appareils les plus souvent en cause sont les échelles horizontales, les jeux modulaires et les glissoires. Quant un décès survient, il est le plus souvent attribuable au coincement d’un vêtement, d’un cordon ou de la tête de l’enfant dans l’ouverture de l’appareil.

Pour prévenir les blessures et les décès liés aux appareils de jeu, il importe de favoriser l’application des normes proposées dans le document normatifa canadien sur la sécurité des aires et appareils de jeu publiques (CAN/CSA-Z614-07 « Aires et équipement de jeu »). Ces normes portent sur 1) la conception des appareils (l’ensemble des détails techniques), 2) l’entretien et la maintenance de ces appareils et 3) la surveillance des enfants. Elles visent les aires et appareils de jeu installés dans les parcs municipaux, les cours d’école et les services de garde. Pour favoriser l’application de ces normes, il est proposé de suivre un calendrier qui tient compte des priorités établies par les organisations concernées (ex. : municipalités, écoles ou CPE). Des activités devraient également être prévues afin de sensibiliser les parents sur l’importance pour leurs enfants de porter des vêtements appropriés et d’utiliser des appareils de jeux adaptés à leur groupe d’âge.

La promotion des mesures préventives relatives aux aires et aux équipements de jeu peut se faire de plusieurs façons. Ainsi, l’utilisation des médias par les intervenants de santé publique peut contribuer, entre autres, à sensibiliser les parents et les responsables de ces équipements, soit au printemps, soit à la rentrée des classes ou même l’hiver.

aDans la suite de la fiche, nous ferons référence à ce document en utilisant l’expression « norme canadienne aires et équipements de jeu ».

Les blessures liées à l’usage des appareils de jeu sont fréquentes, souvent graves et parfois mortelles.

Publiée par l’Association canadienne de normalisation (CSA), la norme canadienne « Aires et équipement de jeu » est une référence au Québec en matière de prévention des blessures associées à ce type d’équipement. Cette norme porte sur la conception et l’entretien des aires et des appareils de jeu, ainsi que sur la surveillance des enfants. Elle est appliquée sur une base volontaire, c’est-à-dire que les fabricants ne sont pas tenus de la respecter.

Mesures de prévention s'adressant aux parents

  • S’assurer que la surface située sous et autour des appareils de jeu est recouverte d’un matériau meuble, et présent en quantité suffisante pour amortir la chute d’un enfant sur le sol (une épaisseur d’environ 30 cm est généralement utilisée).
  • Afin de réduire le risque de strangulation, veiller à ce que les enfants utilisant un appareil de jeu portent des vêtements sans cordon, utilisent un cache-col au lieu d’un foulard pour se protéger du froid et s’abstiennent de porter un casque protecteur (ex. : casque de vélo).
  • S’assurer que les enfants utilisent des appareils de jeu adaptés à leur âge pour éviter que les plus jeunes se blessent sur les jeux des plus grands. Une étiquette ou un panneau devrait indiquer si les appareils de jeu ont été conçus pour les plus petits (moins de cinq ans) ou pour les plus grands.
  • S’assurer que tous les enfants utilisant des appareils de jeu sont l’objet d’une surveillance constante d’un adulte responsable.

Mesures de prévention s’adressant à l’organisme responsable d’une aire de jeu

  • S’assurer que les normes de conception, d’installation et d’entretien des appareils de jeu de la norme canadienne soient respectées. Par exemple, les appareils de jeu ne comportent pas d’espaces de coincement de la tête et du cou, ni d’ouvertures « accrochantes » pour les vêtements afin d’éviter tout risque de strangulation.

Les blessures liées à l’usage des aires et appareils de jeu ne font pas l’objet d’un code spécifique dans la classification internationale des maladies, ce qui empêche l’utilisation de certaines banques de données importantes comme le fichier des hospitalisations (fichier MedEcho). Pour cette raison, d’autres sources de données doivent être utilisées pour évaluer l’ampleur de ces blessures. Ces données proviennent souvent d’enquêtes ou d’études menées auprès de la population d’un territoire donné ou auprès des patients se présentant au service d’urgence de quelques hôpitaux. Même s’il s’agit de données parcellaires, dans l’ensemble, elles permettent tout de même de faire des extrapolations à l’échelle de la population.

  • Les décès liés à l’usage des appareils de jeu sont relativement rares et ils résultent le plus souvent d’un coincement de la tête, du cou ou des vêtements de l’enfant. Au Canada, le nombre de ces décès est estimé à un ou deux cas par année1. Par contre, les blessures non mortelles sont très fréquentes. En effet, à chaque année, on estime qu’environ 28 500 jeunes canadiens consultent au service d’urgence d’un hôpital pour des blessures liées à l’usage des appareils de jeu2. De plus, ces blessures sont souvent graves puisque environ 10 % d’entre elles nécessitent une hospitalisation. Environ 40 % de ces consultations à l’urgence sont dues à des fractures qui résultent le plus souvent d’une chute de l’enfant au bas de l’appareil. Dans 60 % des cas, ces fractures touchent les membres supérieurs3, 4.
  • Les blessures liées à l’usage des appareils de jeux sont responsables d’environ 8 % des hospitalisations pour blessures chez les 14 ans et moins, ce qui constitue une cause d’hospitalisations aussi importante que les blessures liées à l’usage de la bicyclette5. Le risque d’hospitalisation pour blessures liées à l’usage des appareils de jeu est beaucoup plus important dans le groupe des 5 à 9 ans et un peu plus élevé chez les garçons6.
  • Les chutes représentent la première cause de blessures, avec 70 % des cas7,8. Les appareils de jeu de plus de 2 m de haut causent 70 % des blessures dans les aires de jeu, mais représentent seulement 40 % des équipements9.
  • Les coincements de la tête, du cou ou des vêtements (ex. : cordons ou foulards) dans des ouvertures sont à l’origine des blessures les plus graves et de la majorité des décès10.
  • Les enfants âgés de 1 à 4 ans se blessent souvent parce qu’ils jouent dans l’aire de jeu prévue pour les enfants plus âgés11.

Lieu de survenue

Les écoles et les parcs publics sont les endroits où se produisent le plus de blessures, mais ce sont aussi les lieux les plus fréquentés12.

Graphique 1 - Répartition des blessures dans les aires de jeu selon l’endroit où elles se produisent (chez les 0-14 ans, au Canada en 2000)

Répartition des blessures dans les aires de jeu selon l’endroit où elles se produisent (chez les 0-14 ans, au Canada en 2000)

Source : Guide des aires et des appareils de jeu, Institut national de santé publique du Québec, 2005.

Types d’appareils de jeu en cause selon les endroits où se produisent les blessures13

  • Les échelles horizontales, les glissoires et les jeux modulaires sont les appareils de jeu où se produisent le plus de blessures dans les écoles et les parcs publics.
  • Les échelles horizontales représentent la cause principale des hospitalisations et elles causent de nombreuses fractures aux bras14.
  • À domicile, ce sont surtout les balançoires qui sont la première cause de blessures.

Graphique 2 - Type d’équipement en cause lors de blessures et selon l’endroit où elles se produisent (Canada 2000)

Type d’équipement en cause lors de blessures et selon l’endroit où elles se produisent (Canada 2000)

Source : Guide des aires et des appareils de jeu, Institut national de santé publique du Québec, 2005.

Facteurs liés aux individus

  • Les garçons sont plus à risque de se blesser, particulièrement ceux âgés de 5 à 9 ans.
  • Le port d’équipements (ex. casque de vélo) et de vêtements amples ou « accrochants » (cordon, capuchon, écharpe).
  • La présence de cordes (ex. : cordes à danser) attachées aux appareils de jeu.
  • La témérité des enfants et leur incapacité à bien évaluer le danger.
  • L’absence de surveillance par un adulte.

Facteurs technologiques et environnementaux

  • Les surfaces sous et autour de l’appareil ne sont pas suffisamment absorbantes pour éviter des blessures au moment d’une chute.
  • La hauteur de l’appareil : pour les appareils de jeu de plus de 1,5 m de haut, les risques de blessures graves sont multipliés par deux ou plus15,16.
  • L’absence de barrières de protection et de mains courantes autour des plates-formes surélevées.
  • Le climat hivernal (la neige, la glace et le froid) enlève toute capacité d’absorption de la surface sous les appareils.
  • La présence d’ouvertures de coincement pour la tête et le cou.
  • La présence de points d’accrochage au haut des glissoires et des mâts de descente.
  • Les parties mobiles des balançoires, des bascules et des carrousels (par exemple, le siège de la balançoire).
  • Le manque d’entretien des aires de jeu.
  • Les équipements vétustes.

Une enquête sur le niveau de sécurité des aires de jeu municipaux et scolaires a été réalisée en 2000 et en 2007 dans la région de la Montérégie. La conclusion est que seulement 1 appareil sur 10 était conforme à la norme canadienne en 2000 et qu’en 2007 c’était 1 sur 3. Cette amélioration est explicable en partie par les interventions menées par la santé publique auprès des organismes ciblés. Pour améliorer rapidement la sécurité des enfants et atteindre plus de 70 % de conformité à la norme (3 appareils sur 4) il suffirait de corriger les ouvertures « accrochantes » en haut des glissoires et d'ajouter en épaisseur et en superficie assez de matériau amortisseur sous les appareils. Également, malgré un niveau de conformité élevé, plusieurs ouvertures de coincement du cou et de la tête dangereuses sont encore présentes et demeurent simples à corriger17.

Mesures passivesb,18

Les mesures proposées proviennent de la norme canadienne « Aires et équipement de jeu », sauf celle relative à la hauteur des appareils, cet aspect n’étant pas visé par cette norme (voir la section Lois et règlements). L’efficacité de la norme canadienne a été démontrée par les résultats de plusieurs études, dont une menée à Montréal dans 205 parcs de l’Île19. Une autre, à Kingston, indique que les blessures sont liées à l’absence d’une surface absorbante et à la présence de barrières de protection non conformes20. Une étude publiée en 2005 sur les écoles de Toronto conclut que la norme canadienne est un outil efficace pour identifier les appareils dangereux et que le remplacement des appareils déficients réduit les blessures21. Toujours à Toronto, selon une étude publiée en 2010 l’amélioration de la conformité des appareils de jeu dans les écoles de quartiers défavorisés a permis d’observer une réduction des blessures22.

  • Hauteur des appareils : Privilégier l’installation d’appareils dont la hauteur de chute maximale ne dépasse pas deux mètres. Plus la hauteur de chute de l’appareil est élevée, plus les risques de blessures augmentent23.
  • Matériau amortisseur : La présence d’un matériau amortisseur meuble est essentielle sous et autour de l’appareil. Parmi les matériaux amortisseurs, mentionnons le sable lavé et tamisé à grains d’égales grosseurs (conçu pour les aires de jeu), le gravillon, les fibres, copeaux, écorces et paillis de bois ainsi que les surfaces synthétiques. Les produits à base de bois à épaisseurs égales sont parmi les plus performants pour entre autre éviter les fractures du crâne (la norme canadienne tableau D.2). Si le matériau a tendance à se compacter avec l’usage, il doit être régulièrement entretenu (retourné) de façon à pouvoir amortir véritablement les chutes.
  • Zone de protection : Une zone de protection de 1,8 m autour de l’appareil doit toujours être recouverte de matériaux amortisseurs et être sans obstacle. Conserver au moins 1,8 m de distance entre chaque appareil de jeu.
  • Coincement de la tête et du cou : Il ne doit avoir aucun espace de coincement de la tête sur un appareil de jeu, c’est-à-dire d’ouverture d’une taille allant de 3,5 à 9 pouces ou 8,9 à 22,9 cm de diamètre dans laquelle un enfant peut se coincer la tête. De plus, il ne doit avoir aucun angle en « V » de moins de 55 degrés dirigée vers le haut puisqu’un enfant pourrait s’y coincer le cou.
  • Point d’accrochage : Il est également essentiel d’éviter la présence de petites ouvertures sur lesquelles un vêtement peut s’accrocher au haut des glissoires et des mâts de descente. Cela pourrait causer une strangulation.
  • Barrières de protection et mains courantes : Des barrières de protection doivent être présentes autour des plates-formes de l’appareil de jeu afin d’empêcher l’enfant de tomber. Les escaliers et les rampes devraient être munis de mains courantes qui, en plus de favoriser un meilleur équilibre de l’enfant, jouent le rôle de protection minimale contre les chutes.
  • Sièges de balançoire : Il est essentiel que les sièges des balançoires soient faits d’un matériau qui absorbe les chocs puisque plusieurs blessures sont causées par la collision entre un siège et une personne qui circule autour de l’appareil.
  • Équipements appropriés à l’âge des enfants : Il est nécessaire d’installer des panneaux indiquant les zones préscolaire et scolaire, de même que les coordonnés du responsable de l’entretien de l’aire de jeu. De plus, afin d’éviter que de jeunes enfants utilisent des appareils qui ne leur sont pas destinés ou afin de diminuer les risques de conflits entre les enfants plus âgés et les plus jeunes au cours de l’utilisation du jeu, il est recommandé de séparer distinctement l’aire de jeu destinée aux enfants d’âge préscolaire de celle destinée aux enfants d’âge scolaire. Une clôture délimitant la zone préscolaire est préférable pour faciliter l’encadrement des jeunes enfants (ceci est une exigence pour que les services de garde puissent utiliser une aire de jeu). Le panneau devrait également indiquer que les appareils de jeu ne sont pas conçus pour être utilisés par les enfants sans surveillance d’un adulte responsable. Toutefois, cette recommandation ne fait pas partie de la section obligatoire de la norme canadienne.
  • Protocole d’inspection et d’entretien : Prévoir l’inspection et l’entretien des aires et des équipements de jeu sur une base régulière (journalière, mensuelle et annuelle) pour assurer un usage sécuritaire.

Mesures activesc,24

  • Assurer une surveillance adéquate des enfants par des adultes, par exemple :
    • en incitant les enfants à jouer dans l’aire de jeu qui correspond à leur âge;
    • en enseignant aux enfants comment jouer prudemment;
    • en assistant les enfants dans leur exploration des jeux et des appareils.
  • Contrôler la densité d’utilisateurs (plus il y a d’enfants sur un appareil, plus le risque de collision s’accroît).
  • Vêtir les enfants avec des vêtements « non accrochants » (pas de foulard, de cordon, de casque de vélo, etc.).
  • Alerter les responsables de l’entretien des lieux lorsqu’un appareil présente un danger.
  • Éviter d’utiliser les appareils de jeu au cours de l’hiver.

b C’est-à-dire qui agissent en tout temps sans intervention de la part de l’enfant ou de l’adulte.

c C’est-à-dire qui demandent la participation des enfants ou des adultes.

Les appareils de jeu ne sont assujettis à aucune loi au Canada. En revanche, depuis 1990, l’Association canadienne de normalisation (CSA) propose des normes visant à rendre plus sécuritaires les aires et les appareils de jeu publics (désigné dans le texte par «la norme canadienne»). Les fabricants d’appareils de jeu ne sont toutefois pas tenus de respecter cette norme, son application étant sur une base volontaire. Cependant, il est possible pour un organisme (une municipalité ou un ministère) de rendre obligatoire le respect de cette norme pour les équipements sous sa juridiction. Par exemple, en 2004, le ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille a rendu obligatoire, par règlement, l’application de la norme canadienne (CAN/CSA-Z614-03) pour tous les services de garde du Québec.

Les principaux aspects visés par la norme canadienne sur les aires de jeu ont été abordés dans la section sur les mesures préventives de nature passive (voir la section Mesures de prévention). Malheureusement, la norme actuelle ne comporte pas de critères quant à la hauteur maximale des appareils, bien que ce facteur soit associé à un risque accru de blessures.

  • La norme canadienne est applicable aux aires de jeu publiques extérieures incluant les parcs municipaux, les cours d’écoles, les cours de services de garde à la petite enfance, les terrains des restaurants, les centres de villégiature et de loisirs privés et les cours d’immeubles d’habitation. Rééditée en 2007, elle est appliquée par de plus en plus de municipalités au Québec.
  • La norme énonce des exigences pour tous les équipements installés dans une aire de jeu extérieure qui peuvent être utilisés par des enfants, même s’ils n’ont pas été conçus à cet effet (par exemple, un véhicule, un bateau, des troncs d’arbres). Les autres éléments ou pièces de mobilier installés dans une aire de jeu et pouvant être utilisés par les enfants pour jouer, comme les bancs ou les tables, ne sont pas visés par la norme.
  • Cette norme ne s’applique pas :
    • aux aires de jeu intérieures, privées ou construites par des enfants (non accessibles au public en général);
    • aux terrains de sport, aux salles d’exercices ou aux gymnases;
    • aux piscines, aux glissoires qui se terminent dans l’eau;
    • aux équipements fermés dont l’accès public est contrôlé, comme ceux se trouvant à l’intérieur des établissements industriels (restaurants, magasins à rayon, etc.);
    • à l’équipement de jeu installé dans une cour privée (p. ex. : dans la cour d’une résidence privée) ou dans des parcs d’amusement commerciaux comme la Ronde à Montréal.
  • L’Association canadienne de normalisation (CSA) ne certifie ou ne reconnaît aucun organisme, aucun inspecteur ou aucun appareil de jeu. Cela signifie qu’aucun vendeur ne peut affirmer que son appareil de jeu est certifié par la CSA. Cependant, une certification aux normes canadienne et américaine est offerte par un regroupement de manufacturiers appelé IPEMA (International Playground Equipment Manufacturers Association), avec les limites que cela implique (le fabricant s’autocertifie…).
  • La norme canadienne actuellement en vigueur (CAN/CSA-Z614-07) est basée sur les recommandations d’un comité d’experts composé majoritairement de manufacturiers, mais aussi de quelques représentants du milieu communautaire, des services de garde et de la santé publique du Québec.

Réalisations passées

Depuis 1989, le réseau de santé publique s’implique pour améliorer la sécurité des aires et des appareils de jeu, que ce soit par la distribution de guides ou de dépliants, par la diffusion d’avis publics appuyant l’application systématique de la norme canadienne sur la sécurité des aires de jeu dans les services de garde ou encore par l’offre de formations dans les milieux de garde, les écoles et les municipalités. Les parents ont également été sensibilisés aux blessures à domicile. Voici un bref historique des étapes les plus importantes :

  • 1989
    Un an avant la publication de la première version de la norme canadienne, le Département de santé communautaire de l’Hôpital général de Montréal débute, entre autres, des études sur la sécurité des appareils de jeu et les blessures survenues sur son territoire25.
  • 1994
    La Direction de santé publique de Montréal-Centre publie le Guide sur la sécurité des appareils et aires de jeu26 basé sur la norme CSA de 1990, destiné aux responsables municipaux chargés des appareils de jeu. Des journées de formation sur la norme canadienne, animées par cette direction, sont ensuite données dans quelques régions du Québec.
  • 1998
    Un avis rédigé en 199827 juge approprié pour les directions de santé publique d’appuyer une pétition déposée par une citoyenne, suite à un décès, pour demander au ministère de la Famille et de l’Enfance de rendre obligatoire l’application de la norme canadienne dans les services de garde pour plus de sécurité dans les aires de jeu.
  • 1999
    D’autres directions de santé publique dans tout le Québec décident d’intervenir dans ce dossier et entreprennent des campagnes de sensibilisation, de formation sur la norme canadienne et des interventions pour contrer les principaux problèmes rencontrés auprès des municipalités, des écoles et des services de garde (Abitibi-Témiscamingue, Baie-James, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Laurentides, Laval, Outaouais, Saguenay–Lac-Saint-Jean).
  • Un nouveau guide de vulgarisation de la norme CSA de 1998 est produit à l’automne par la Direction de santé publique de la Montérégie en collaboration avec la Direction de santé publique de Montréal-Centre, le Guide des aires de jeu 9828. Ce document est traduit et vendu en anglais avec le financement de la CSA sous le nom de Guide on Children’s Playgrounds-98.
  • 2000
    La Direction de santé publique de la Montérégie et l'Institut commencent à animer des journées de formation sur la norme canadienne dans plusieurs régions du Québec.
  • La Direction de santé publique de Montréal-Centre produit une brochure intitulée Les surfaces sous les appareils, c’est important même à la maison29. L’objectif est d’informer les parents sur l’importance des surfaces de protection sous les appareils de jeu à domicile.
  • Une enquête est réalisée par la Direction de santé publique de la Montérégie sur le terrain. Elle vise à connaître la situation de la sécurité des aires de jeu (écart à la norme) dans les municipalités et les écoles de la Montérégie. Cette étude permet de constater que plus de la moitié des aires de jeu de la Montérégie ne sont pas conformes aux principaux critères de sécurité de la norme canadienne30.
  • 2004
    Le ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille rend obligatoire par règlement l’application de la norme canadienne sur la sécurité des aires et équipements de jeu de 2003 à tous les services de garde du Québec. L’Institut national de santé publique du Québec offre une première formation concernant la norme canadienne destinée aux professionnels qui appliqueront le règlement du ministère (architectes paysagistes, technologues professionnels, architectes et ingénieurs).
  • 2005
    Une nouvelle édition du Guide des aires de jeu 98, intitulé Guide des aires et des appareils de jeu, est publiée31 pour s’harmoniser à la norme CSA de 2003..
  • 2007
    Le Guide des aires et des appareils de jeu est mis à jour à la dernière norme CSA de 2007.
  • Une deuxième enquête est réalisée sur le terrain en Montérégie. Cette étude permet de constater qu’il y a eu une amélioration de 50 à 100 % de la conformité des aires de jeu de la Montérégie32.

Travaux en cours

Depuis la fin des années 1980, la santé publique s’est tant investie dans le dossier de la sécurité des aires de jeu qu’il est maintenant difficile pour un organisme responsable d’aires de jeu publiques d’ignorer les recommandations de sécurité de la norme canadienne. Les principales barrières à l’application de cette norme sont le manque de budget des organismes responsables et le grand nombre d’appareils ne répondant pas à la norme de sécurité canadienne. La grande vétusté des appareils existants constitue cependant une bonne occasion de remplacement. En effet, il est souvent plus facile de convaincre un conseil municipal d’investir pour remplacer des appareils de jeu installés il y a plus de 20 ans que des appareils installés cinq ans auparavant.

Le milieu scolaire est probablement celui qui est le plus difficile à rejoindre. En effet, les écoles n’ont souvent pas les ressources humaines et financières pour évaluer et entretenir une aire de jeu. Cependant, certaines commissions scolaires sont actives dans ce dossier et soutiennent efficacement leurs écoles. Des ententes sont souvent établies avec les municipalités pour réaliser l’entretien des aires de jeu de l’école.

Depuis 2004, la réglementation du ministère chapeautant les services de garde à la petite enfance les a contraint à rendre leurs aires de jeu conformes à la norme. C’est pourquoi actuellement, plusieurs professionnels (architectes paysagistes, technologues professionnels, architectes et ingénieurs) sont formés pour offrir des services d’inspection des appareils de jeu par le Canadian Playground Safety Institute ou l’Institut Québécois de la Sécurité dans les Aires de Jeu (IQSAJ).

Le milieu municipal, beaucoup plus sensibilisé par la sécurité des aires de jeu, se mobilise actuellement grâce à l’Association québécoise du loisir municipal (AQLM), pour offrir à ses membres de la formation sur la sécurité des aires de jeu par l’entremise de l'IQSAJ.

La santé publique au Québec a établi comme priorité la sécurité des aires de jeu pour enfant avec le Programme national de santé publique 2003-201233.

Par ailleurs, la promotion de la sécurité dans les aires de jeu devrait être élargie et viser aussi les milieux non ciblés ; par exemple, les campings, les plages, les parcs nationaux, les colonies de vacances et les pistes d’hébertisme pour ne nommer que ceux-là.

Organismes et ressources Quelques ressources proposées Coordonnées
American Society for Testing and Materials (ASTM)   Site Web
Association Canadienne de Normalisation (CSA)
  • Pour commander la norme canadienne, communiquez avec le CSA-Service des ventes.
Site Web
1 800 463-6727 (sans frais)
Courriel
Association canadienne des parcs et loisirs (ACPL / CPRA) offre : le Canadian Playground Safety Institute Ou le volet francophone : Institut Québécois de la Sécurité dans les Aires de Jeu (IQSAJ)
  • Différentes formations sont offertes. La principale est destinée aux personnes désirant devenir inspecteur de terrains de jeu certifiés à leur association (notez que la CSA ne reconnaît aucune certification). Deux séances : la première est théorique et la seconde comporte un aspect pratique sur le terrain. Coût : environ 1000$ pour près de 4 jours, des examens sont ajoutés pour la certification.
Site Web
Une liste des inspecteurs formés est disponible
613 523-5315
Courriel
Francophone
Site Web
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)
  • Pour obtenir le Guide des aires et des appareils de jeu.
Site Web
International Play Equipment Manufacturers Association (IPEMA)   Site Web
Ministère de la Famille et des Aînés (MFA)   Site Web
418 643-4721 (Québec)
1 888 463-4721 (sans frais)
Sécuri-jeunes Canada   Site Web
1 888 SAFE TIPS (723-3847) (sans frais)
Courriel
Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT)   Site Web
  1. Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention de traumatisme (SCHIRPT) (1997). Bulletin du SCHIRPT, no 12, novembre.
    www.phac-aspc.gc.ca/injury-bles/chirpp/injrep-rapbles/index_f.html
  2. Information obtenue auprès de Tammy Lipkie, analyste principale, Division des blessures chez les enfants. LLCM, Santé Canada, octobre 1999. (remarque : cette estimation est basée sur une extrapolation des données du SCHIRPT, en présumant que les modèles de traumatismes subis dans un terrain de jeu sont semblables à travers le Canada.)
  3. Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention de traumatisme (SCHIRPT) (1997). Bulletin du SCHIRPT, no 12, novembre.
    www.phac-aspc.gc.ca/injury-bles/chirpp/injrep-rapbles/index_f.html
  4. Santé Canada (1998). Pour la sécurité des jeunes canadiens : des données statistiques aux mesures préventives, 311 p.
  5. Institut canadien d’information sur la santé (1999). Rapport du registre national des traumatismes.
  6. Santé Canada (1998). Pour la sécurité des jeunes canadiens : des données statistiques aux mesures préventives, 311 p.
  7. Skinner, Robin, et Steven R. Mcfaull (2002). Playground Equipment-and Homemade Play Structure-Related Injuries in Different Settings, Data from the Canadian Hospitals injury Reporting and Prevention Program (CHIRPP/SCHIRPT), 2000. Santé Canada, 24 p.
  8. Fortier, David (2005). Guide des aires et des appareils de jeu (incluant une grille d’inspection basée sur la norme canadienne CAN/CSA-Z614-07). Institut national de santé publique du Québec, 78 p.
  9. Laforest, Sophie, Yvonne Robitaille, Dominique Lesage et Danièle Dorval (2001). « Surface characteristics, equipment height, and the occurrence and severity of playground injuries ». Injury Prevention (7 : 35-40), p. 35-40.
  10. Fortier, David (2005). Guide des aires et des appareils de jeu (incluant une grille d’inspection basée sur la norme canadienne CAN/CSA-Z614-07). Institut national de santé publique du Québec, 78 p.
  11. Robitaille, Y. et coll. (1997). Réduction des blessures liées aux appareils de jeu par l’amélioration des appareils. Direction de santé publique de Montréal–Centre, 30 p.
  12. Fortier, David (2005). Guide des aires et des appareils de jeu (incluant une grille d’inspection basée sur la norme canadienne CAN/CSA-Z614-07). Institut national de santé publique du Québec, 78 p.
  13. Fortier, David (2005). Guide des aires et des appareils de jeu (incluant une grille d’inspection basée sur la norme canadienne CAN/CSA-Z614-07). Institut national de santé publique du Québec, 78 p.
  14. Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention de traumatisme (SCHIRPT) (1997). Bulletin du SCHIRPT, no 12, novembre.
    www.phac-aspc.gc.ca/injury-bles/chirpp/injrep-rapbles/index_f.html
  15. Macarthur C. et coll. (2000). « Risk factors for severe injuries associated with falls from playground equipment ». Accident Analysis and Prevention, vol. 32, p. 377-382.
  16. Chalmers, J. D. et coll. (1996). « Height and surfacing as risk factors for injury in falls from playground equipment : a case-control study ». Injury Prevention, vol. 2, p. 98-104.
  17. Fortier, D. et C. Viens. État des aires et des appareils de jeu Montérégie 2007, Longueuil, Direction de santé publique, Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, 2008, 49 p.
  18. Fortier, David (2005). Guide des aires et des appareils de jeu (incluant une grille d’inspection basée sur la norme canadienne CAN/CSA-Z614-07). Institut national de santé publique du Québec, 78 p.
  19. Robitaille, Y. et coll. (1997). Réduction des blessures liées aux appareils de jeu par l’amélioration des appareils. Direction de santé publique de Montréal–Centre, 30 p.
  20. Mowat D.L., F. Wang, W. Pickett, R.J. Brison (1998). « A case-contrôle study of risk factors for playground injuries among children in Kingston and area ». Injury Prevention, vol. 4, no 1, p. 39-43.
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Dernière mise à jour : 

19 janvier 2017