Veille scientifique : lutte contre le tabagisme, volume 12, numéro 2, mai 2022

Dans cette veille, l’équipe tabagisme sélectionne et résume les publications scientifiques récentes qu’elle juge les plus pertinentes au travail des acteurs du réseau de santé publique œuvrant dans le domaine de la lutte contre le tabagisme.

Surveillance du vapotage

Une étude longitudinale révèle que la majorité des jeunes adultes québécois n’ont pas modifié leur consommation de produits du tabac ou de vapotage durant la pandémie

Contexte

La pandémie de COVID-19 a entraîné d’importants bouleversements dans la vie des Québécois, notamment en raison des mesures sanitaires limitant les opportunités de rassemblement et la pratique d’activités courantes telles que la fréquentation des lieux de pratique d’activité physique, des restaurants, des bars et autres lieux de divertissement et de rencontre. Ces mesures ont pu contribuer à un accroissement de la détresse psychologique au sein de la population, ce qui en retour aurait pu entraîner une augmentation de la consommation de substances psychoactives telles que l’alcool, le cannabis, les drogues illicites, ou encore les produits du tabac ou de vapotage. À ce jour, les études visant à vérifier cette hypothèse ont pour la vaste majorité employé un devis transversal faisant appel à la mémoire des répondants, ce qui pourrait biaiser les estimations produites.

Objectif

À l’aide d’un devis longitudinal incluant des mesures prises avant et pendant la pandémie de COVID‑19, la présente étude vise à estimer le changement des habitudes de consommation de substances psychoactives chez les jeunes adultes québécois ainsi que les facteurs associés à une éventuelle initiation ou augmentation de la consommation. Les données proviennent de l’étude sur la dépendance à la nicotine chez les adolescents (NDIT) initiée en 1999-2000 auprès de 1 294 élèves québécois de 1re secondaire. Plusieurs cycles de collecte ont été réalisés, dont le cycle 23 entre les années 2017-2020 et le cycle 24 entre décembre 2020 et juin 2021.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • La prévalence d’usage hebdomadaire ou quotidien de la cigarette de tabac a diminué entre 2017-2020 (cycle 23) et 2020-2021 (cycle 24), passant de 18 % à 12 %, alors que la prévalence d’usage de la cigarette électronique a légèrement augmenté au cours de la même période (de 4 % à 5 %);
  • Certains sous-groupes de participants affichent une prévalence plus élevée d’usage de la cigarette de tabac : vivant avec des enfants dans un ménage monoparental (47 %), vivant avec des enfants âgés de 6 ans ou plus (44 %), niveau de scolarité secondaire (39 %), revenu du ménage inférieur à 50 000$ (28 %), vivant seuls (23 %), diagnostic de trouble mental (17 %), nés au Canada (13 %);
  • Quant à la cigarette électronique, une plus forte proportion de participants vivant seuls (11 %), n’occupant pas d’emploi (9 %) ou étant nés au Canada (6 %) en ont fait un usage hebdomadaire ou quotidien au cours de la dernière année;
  • Plus des trois quarts (77 %) de l’ensemble des participants n’ont pas modifié leur usage de cigarette de tabac entre 2017-2020 (cycle 23) et 2020-2021 (cycle 24), comparativement à 84 % par rapport à l’usage de la cigarette électronique;
  • Chez les non-utilisateurs et les utilisateurs non quotidiens, 7 % se sont initiés à l’usage de la cigarette de tabac entre le cycle 23 et le cycle 24, une proportion similaire étant observée par rapport à l’usage de la cigarette électronique;
  • Chez les fumeurs de cigarettes de tabac, 53 % en ont diminué ou cessé l’usage entre le cycle 23 et le cycle 24, alors que c’est le cas de 73% des utilisateurs de cigarette électronique;
  • Le risque d’initiation ou d’augmentation de l’usage de la cigarette de tabac entre le cycle 23 et le cycle 24 est plus élevé chez les participants vivant seuls (RR 5,7; IC 95 % 2,9-11,3) et ceux détenant un niveau de scolarité secondaire (RR 3,5; IC 95 % 1,1-11,2);
  • Le risque d’initiation ou d’augmentation de l’usage de la cigarette électronique entre le cycle 23 et le cycle 24 est plus élevé chez les participants vivant avec des enfants âgés de 6 ans ou plus (RR 2,1; IC 95 % 1,0-4,2) et les personnes vivant seules (RR 2,1; IC 95 % 1,2-3,7), et plus faible chez les participants vivant avec au moins un enfant âgé de 5 ans ou moins (RR 0,5; IC 95 % 0,3-0,9) comparativement à ceux ne vivant pas avec des enfants.

Cette étude longitudinale est une des premières au Canada à s’intéresser aux fluctuations de l’usage de substances psychoactives pendant la pandémie de COVID-19. Elle indique de manière générale que l’usage de produits du tabac ou de vapotage chez les jeunes adultes québécois n’a pas connu de grand bouleversement en 2021. Ces résultats devront toutefois être confirmés à l’aide de données populationnelles représentatives à l’échelle du Québec, et de futurs travaux seront requis pour mieux comprendre l’influence des facteurs individuels et environnementaux identifiés dans cette étude comme prédisposant à l’initiation ou à l’augmentation de l’usage des produits du tabac ou de vapotage en période de pandémie.

Sylvestre M-P, Dinkou GDT, Naja M, Riglea T, Pelekanakis A, Bélanger M, Maximova K, Mowat D, Paradis G, O’Loughlin J. A longitudinal study of change in substance use from before to during the COVID-19 pandemic in young adults. Lancet Reg Health Am 2022;8:100168.

Politiques et législation

Un accroissement du financement de la lutte contre le tabagisme contribuerait à une diminution de l’usage des produits de vapotage chez les élèves du secondaire aux États‑Unis

Contexte

Une importante diminution de la prévalence du tabagisme est observée depuis une vingtaine d’années aux États-Unis, celle-ci étant en grande partie attribuable aux mesures de lutte contre le tabagisme mises en place. Cependant, l’usage des produits de vapotage a connu une hausse importante depuis l’introduction de ces produits sur le marché, une augmentation de 1 733 % de la prévalence du vapotage ayant été notée entre 2011 et 2019. Bien que l’impact du financement étatique de la lutte contre le tabagisme sur la prévalence de l’usage des produits du tabac ait été largement démontré, il n’en est pas de même en ce qui concerne les produits de vapotage.

Objectifs

Cette étude vise à quantifier l’association entre le niveau de financement de la lutte contre le tabagisme et l’usage des produits de vapotage chez les élèves du secondaire aux États-Unis, à l’aide des données de cinq cycles d’une enquête transversale représentative des États-Unis (National Youth Risk Behavior Surveys 2015-2019). Les sommes investies annuellement par personne pour la lutte contre le tabagisme ont été calculées pour chaque État en se basant sur le rapport annuel de l’American Lung Association et les estimations populationnelles du US Census Bureau. Elles ont été ajustées pour tenir compte de l’inflation à l’aide de l’indice des prix à la consommation du US Bureau of Labor Statistics. Des régressions logistiques ont été employées afin d’estimer la prévalence de vapotage au cours des 30 derniers jours, et des modèles linéaires généralisés ont été construits pour développer des équations d’intensité du vapotage (nombre de jours vapotés).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Cette étude montre qu’au cours de la période considérée une hausse du financement dédié par chaque État à la lutte contre le tabagisme aurait été associée à une diminution de l’usage des produits de vapotage chez les adolescents américains, en termes de prévalence et d’intensité (nombre de jours vapotés) :

  • Une hausse de 50 % du financement étatique dédié à la lutte contre le tabagisme se traduirait par une diminution de 7,46 % de la prévalence du vapotage.
  • Une hausse du financement de l’ordre de 50 %, 75 % et 100 % se traduirait respectivement par une diminution de 0,77, 1,12 et 1,45 jour de vapotage par mois chez les élèves du secondaire.

Cette étude est une des premières à décrire l’association entre le niveau de financement de la lutte contre le tabagisme et l’usage de produits de vapotage chez les adolescents. Ses résultats, qui suggèrent qu’une augmentation des ressources financières allouées à la lutte contre le tabagisme serait associée à une réduction du vapotage chez les jeunes méritent d’être considérés dans le contexte québécois où l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents et les jeunes adultes est également très répandu.

Notons que cette étude présente des limites, une première étant l’emploi d’un devis transversal qui ne permet pas d’établir de lien de causalité entre le niveau de financement et le comportement des jeunes en matière de vapotage. Mentionnons de plus que le prix des cigarettes et des produits de vapotage n’est pas inclus dans les modélisations. Ceci implique dans un premier temps qu’il n’est pas possible de tenir compte de la corrélation entre l’augmentation des taxes sur les produits du tabac et le niveau de financement de la lutte contre le tabagisme, celui-ci reposant souvent en grande partie sur l’argent perçu par les taxes. Deuxièmement, cela signifie que l’étude n’est pas en mesure de vérifier si une hausse du prix des cigarettes entraîne un remplacement de l’usage de la cigarette par celui des produits de vapotage.

Tauras J, Diaz MC, Schillo B, Vallone D. Examination of the association between state tobacco control spending and the demand for electronic cigarettes by high school students. Tob Control 2021; doi:10.1136/tobaccocontrol-2021-056830

Nocivité des produits de vapotage

Une estimation comparée de la nocivité des cigarettes électroniques récentes et des cigarettes de tabac

Contexte

La nocivité des produits de vapotage en comparaison à celle des produits du tabac est une question cruciale en santé publique, tant pour les décideurs qui doivent encadrer ces produits que pour les fumeurs dans leur décision de les utiliser ou non. Selon certaines estimations, les risques relatifs des produits de vapotage représenteraient 5 % de ceux associés aux produits du tabac (McNeill et al., 2018; National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine, 2018), alors qu’une revue récente avancerait plutôt une réduction de 40 % des risques de certaines maladies chez des fumeurs ayant fait la transition vers la cigarette électronique (Goniewicz et al., 2020).

Plusieurs études estiment les risques relatifs sur la base de comparaisons des émissions de substances contenues dans l’aérosol et la fumée de tabac. En l’absence de données épidémiologiques mesurant les effets à long terme de l’usage des produits de vapotage sur la santé, la mesure des biomarqueurs offrirait un meilleur portrait de l’impact sur la santé que la mesure des émissions.

Objectif

Produire une estimation des risques relatifs des produits de vapotage récents comparativement à la cigarette à partir de données portant sur des biomarqueurs associés aux maladies les plus létales causées par le tabagisme : maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC), cancers et maladies cardiovasculaires.

Les auteurs ont recensé les articles publiés entre janvier 2017 et septembre 2020, qui comparaient les cinq types de biomarqueurs sélectionnés dans le sang, l’urine ou l’air expiré, chez des fumeurs exclusifs de tabac et des vapoteurs exclusifs. Les études ayant recueilli des données avant le 1er janvier 2017 ont été exclues afin d’évaluer les effets des produits de vapotage plus récents. Les écarts entre les biomarqueurs ont été considérés comme représentatifs des différences de risques de maladies.

Dans leur calcul de l’impact des biomarqueurs, les auteurs ont tenu compte du fait que certaines substances nocives sont présentes dans d’autres sources que la fumée de tabac ou l’aérosol de vapotage. Ils ont aussi intégré aux calculs le nombre d’années de vie sauvées (en années de vie ajustées en fonction de l’état de santé; AVAS) suite à des interventions de prévention et de renoncement au tabagisme, issu de modélisations retrouvées dans la littérature.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Cinq études ont été retenues parmi les 584 recensées. Selon les études retenues, les niveaux de biomarqueurs des maladies respiratoires chez les utilisateurs exclusifs de produits de vapotage correspondraient à 28 % des niveaux observés chez les fumeurs exclusifs de cigarettes (selon trois études). Ces proportions seraient de 42 % pour les cancers (quatre études) et 35 % pour les maladies cardiovasculaires (quatre études). Globalement, les auteurs estiment que les utilisateurs exclusifs de produits de vapotage s’exposeraient à 33 % des risques auxquels s’exposent les fumeurs (en termes d’AVAS). Ce résultat est plus élevé que des estimations précédentes, qui évaluaient ces risques entre 5 % et 20 % en se basant sur des mesures et des modèles variés.

Les auteurs sont conscients des nombreuses limites de leur étude et en énoncent plusieurs, que nous ne rapportons pas toutes dans ce résumé. Ils considèrent que leur estimation serait une évaluation du niveau supérieur des risques du vapotage pour différentes raisons : 

  • Un grand nombre de substances corrélées aux biomarqueurs d’intérêt n’ont pas été mesurées parmi les plus de 7000 substances nocives contenues dans les produits du tabac, dont 70 sont cancérigènes.
  • Plusieurs vapoteurs exclusifs pourraient être d’anciens fumeurs et certains pourraient encore utiliser la cigarette.
  • Un certain nombre de maladies associées au tabagisme n’ont pas été considérées, comme le diabète, la tuberculose, des maladies oculaires et du système immunitaire.

Il est important de noter que deux études parmi les cinq retenues étaient financées par l’industrie du tabac et du vapotage, quoique les biomarqueurs de ces deux études ne dressaient pas un portrait plus favorable du vapotage que les autres études.

Les auteurs concluent en rappelant l’importance de soutenir la recherche visant à produire des estimations plus solides des risques relatifs du vapotage et d’élargir la liste des biomarqueurs d’intérêt. En attendant, ils recommandent de refléter le niveau d’incertitude à l’aide d’intervalles de confiance larges.

Références

Wilson N, Summers JA, Ouakrim DA, Hoek J, Edwards R, Blakely T. Improving on estimates of the potential relative harm to health from using modern ENDS (vaping) compared to tobacco smoking. BMC Public Health 2021;21:2038.

Perceptions par rapport au vapotage

Les perceptions des adolescents à l’égard de la cigarette électronique seraient contradictoires

Contexte

La popularité du vapotage chez les adolescents américains, de même que dans d’autres pays, est très préoccupante. Alors que des messages contradictoires émanent des médias, du milieu académique et politique au sujet de la cigarette électronique, il est essentiel de comprendre les perceptions des jeunes à l’égard des effets du vapotage sur la santé et de connaître les sources d’où ils puisent ces informations.

Objectif

Les auteurs ont réalisé une revue de littérature systématique sur les perceptions qu’ont les adolescents des effets sur la santé du vapotage, ainsi que sur leurs sources d’information sur ce sujet. Les auteurs ont recueilli les études primaires réalisées entre janvier 2009 et juin 2019, qui ciblaient les adolescents âgés de 12 à 17 ans et provenaient des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande. Ils se sont intéressés autant aux études qualitatives qu’aux études quantitatives.

Au final, parmi 405 articles recensés, 25 ont été retenus : treize études transversales, sept qualitatives, trois études de cohorte et deux essais contrôlés randomisés. La majorité des études ont été réalisées aux États-Unis (19), et les autres provenaient du Royaume-Uni (5) et du Canada (1). Les 25 articles ont été publiés entre 2013 et 2019 et sont basés sur des données recueillies entre 2012 et 2016. Il est à noter que onze de ces études portaient sur les mêmes quatre ensembles de données. Les auteurs ont extrait les principales informations des études qualitatives et quantitatives retenues et utilisé l’analyse thématique.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Les auteurs regroupent les résultats de la recension selon quatre thématiques : les perceptions des risques relatifs à la santé comparativement à la cigarette de tabac (16 études); les perceptions des effets sur la santé et de la sécurité des cigarettes électroniques (18 études); les avantages perçus (14 études) et les sources d’information et d’exposition (7 études).
  • Les perceptions qu’ont les adolescents de l’impact sur la santé du vapotage sont diversifiées et paraissent contradictoires.
  • Comparativement aux cigarettes de tabac, les adolescents considèrent généralement les cigarettes électroniques comme une alternative moins nocive puisqu’ils ont l’impression qu’elles contiennent peu de produits chimiques, que la nicotine qui s’y trouve crée moins de dépendance et que les émissions secondaires d’aérosol sont plus sûres que la fumée secondaire de tabac. Les adolescents qui fument et/ou qui vapotent sont plus susceptibles de considérer la cigarette électronique comme étant moins nocive que la cigarette de tabac, comparativement aux adolescents qui ne font pas usage de l’un ou l’autre des produits.
  • Les principales sources d’information et d’exposition au vapotage relevées dans les études sont : les pairs et amis, la famille, la publicité (panneaux d’affichage, points de vente, publicité en ligne, etc.), mais également des informations disponibles sur les réseaux sociaux et communiquées par des autorités nationales de santé et des prestataires de soins de santé.

Les auteurs émettent l’hypothèse que les adolescents pourraient percevoir les cigarettes électroniques comme moins nocives que les cigarettes en raison du marketing et du manque de réglementation. Ils soulignent l’importance de la promotion des produits de vapotage sur les réseaux sociaux, où il est plus difficile de faire appliquer les lois.

Il est important de souligner que les études incluses dans cette revue de littérature ont recueilli leurs données entre 2012 et 2016, soit avant la mise en place de plusieurs réglementations dans les pays d’où proviennent ces études. Ce facteur, en plus des campagnes d’informations réalisées depuis et des cas de maladie pulmonaire associés au vapotage (EVALI), est susceptible d’avoir un impact non négligeable sur les perceptions actuelles des adolescents par rapport aux effets du vapotage sur la santé.

Sharma A, McCausland K, Jancey J. Adolescents’ health perceptions of e-cigarettes: a systematic review. Am J Prev Med 2021;60(5):716-725.

Renoncement au vapotage

Les applications mobiles pour renoncer au vapotage sont-elles fiables?

Contexte

Le développement d'interventions pour lutter contre le vapotage, en particulier chez les jeunes, est reconnu comme une priorité de recherche par le Surgeon General des États-Unis. Bien que de plus en plus de jeunes vapoteurs désirent abandonner la cigarette électronique, très peu de ressources et d’interventions fiables s’offrent à eux. C’est dans ce contexte que Sanchez et ses collègues (2022) proposent une évaluation des applications mobiles de renoncement aux produits du vapotage actuellement disponibles.

Objectif

Les auteurs avaient pour objectif d’examiner la qualité des applications gratuites de cessation au vapotage, leur contenu et leurs fonctionnalités, leur popularité ainsi que l’adhésion aux principes d’intervention basés sur des données probantes.

Une recherche systématique a été réalisée en décembre 2020 sur la version canadienne de « Google Play » et de « Apple Store » en utilisant des mots clés permettant de cibler les applications mobiles favorisant l’abandon des produits de vapotage. Afin d’être retenues, celles-ci devaient être gratuites, être en anglais, se trouver à la fois sur « Google Play » et « Apple Store » et aborder l’arrêt aux produits de vapotage. Des 787 applications mobiles recensées, les huit retenues sont les suivantes : Kwit, Quit Vaping for Good, Quit Vaping Addiction Calendar, Escape the Vape, Quit Genius, Smoke Watchers, Aeris et Smokler. Les auteurs ont utilisé ces applications pendant sept jours consécutifs et les dimensions suivantes ont été analysées :  

  • La popularité : le nombre de téléchargements des applications, les avis ainsi que le nombre d’évaluations des utilisateurs sur « Google Play » et « Apple Store ». 
  • Le score MARS : l’adhésion aux applications, leurs fonctionnalités, leur esthétisme et l’information fournie aux utilisateurs, tels que mesurés à l’aide de l’échelle d’évaluation des applications mobiles (Mobile App Rating Scale – MARS) basée sur des données probantes.
  • La pertinence clinique : les auteurs ont développé un indice d'adhésion à quatorze éléments basé sur une version modifiée des Canadian Smoking Cessation Clinical Practice Guidelines, avec le soutien d'un clinicien expérimenté qui a dirigé l'élaboration de ces lignes directrices.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Des huit applications retenues, l’application Kwit a obtenu le plus haut score de popularité, le plus haut score selon l’échelle d’évaluation des applications mobiles MARS, ainsi que la plus forte pertinence clinique. L’application Smokler a obtenu le plus bas score sur ces trois dimensions.
  • Seulement trois applications ciblent uniquement le renoncement aux produits du vapotage. Les cinq autres l’abordent, mais portent principalement sur la cessation tabagique. Le contenu de ces cinq applications et plusieurs de leurs fonctionnalités sont davantage adaptés à la cessation tabagique plutôt qu’à la cessation du vapotage.
  • La fonctionnalité des applications a obtenu la note moyenne la plus élevée (4,54 sur 5), suivie de l'esthétique (4,06 sur 5) et de l'adhésion aux applications (3,22 sur 5), alors que l'information fournie aux utilisateurs a obtenu la note moyenne la plus faible (2,8 sur 5).
  • Le contenu informatif disponible sur certaines applications n’est pas supporté par des preuves scientifiques en lien avec les conséquences du vapotage sur la santé. Peu d’applications proposent des techniques de changement comportementales, conçoivent des plans personnalisés pour arrêter de vapoter ou réfèrent à une ligne téléphonique pour l’aide à l’abandon des produits de vapotage.
  • La stratégie la plus couramment utilisée pour promouvoir l'arrêt aux produits de vapotage est le suivi de type « tracker » qui permet de documenter plusieurs éléments, dont la quantité d’argent économisé au cours du sevrage et le nombre de jours écoulés depuis la cessation (= 6), les gains en matière de santé (= 4), la fréquence et l’intensité des envies de vapoter (= 3), ou encore des estimations de la quantité de « nicotine non consommée » depuis l’arrêt (= 2).

Les auteurs concluent que ces applications sont davantage axées sur les fonctionnalités pour faciliter leur usage par les utilisateurs plutôt que sur la pertinence clinique de l’information et la crédibilité du contenu utilisé. Les auteurs ont également noté que plusieurs applications visent à fois l’arrêt du tabac et du vapotage, ce qui est paradoxal pour les fumeurs utilisant à la fois une application mobile et la cigarette électronique pour cesser de fumer. Enfin, les auteurs reconnaissent que l’évaluation d’applications mobiles de santé utilisant des principes de changement de comportement est une pratique nouvelle, et s’interrogent sur l’efficacité de celles-ci comparativement aux interventions en face à face, fondées sur ces mêmes principes et affichant des taux de réussite élevés. Davantage de recherche est nécessaire pour évaluer l’efficacité de ce nouveau type d’intervention.

Sanchez S, Kundu A, Limanto E, Selby P, Baskerville NB, Chaiton M. Smartphone apps for vaping cessation: Quality assessment and content analysis. JMIR mHealth uHealth 2022;10(3):e31309.


Rédacteurs

Benoit Lasnier
Alfreda Krupoves
Annie Montreuil
Léa Gamache
Zineb Khalladi


Équipe tabagisme
Direction du développement des individus et des communautés

Coordonnateur
Benoit Lasnier

Collaboratrices
Axelle Marchand
Michèle Tremblay

Réviseur
Thomas Paccalet

Mise en page et révision
Marie-Cloé Lépine
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Cette veille a été réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS).